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Lundi 08 Décembre 2025
C’est officiel. Jonathan Anderson vient de décrocher le titre de “Designer of the Year” aux Fashion Awards pour la troisième année consécutive. Un exploit qu’aucun créateur n’avait jamais réalisé avant lui.
Ce qui rend cette victoire encore plus remarquable ? Anderson est le premier designer à remporter ce prix trois fois d’affilée en travaillant pour des maisons différentes : Loewe et JW Anderson en 2023 et 2024, puis Dior cette année.
Mais revenons aux origines. Jonathan Anderson naît en 1984 à Magherafelt, en Irlande du Nord . Son père est une légende du rugby irlandais. La destinée de son fils sera toutefois bien différente. Car le jeune Jonathan, lui, rêve de théâtre. À 18 ans, il s’envole pour New York et tente d’intégrer la très prestigieuse école d’arts et de musique Juilliard School pour étudier l’art dramatique. Mais c’est vers le costume qu’il bifurque, découvrant une passion viscérale pour la matière et la coupe. En 2008, à seulement 24 ans, il lance JW Anderson. Sa signature ? Brouiller les frontières entre masculin et féminin avec un humour subtil et une liberté totale. La critique est séduite.
Le tournant arrive en 2013. LVMH mise sur lui et lui confie la direction artistique de la maison Loewe. En dix ans, Anderson transforme la maison espagnole quelque peu endormie en un empire de 2 milliards de dollars. Le sac Puzzle, petit bijou de design et de créativité, devient d’emblée iconique. Les collaborations avec Rihanna au Super Bowl et Beyoncé sur sa tournée Renaissance affolent les réseaux. En 2025, Bernard Arnault, visiblement très satisfait, lui confie les clés de Dior, homme, femme ET haute couture. Du jamais-vu depuis la mort du fondateur en 1957. Sur la scène du Royal Albert Hall lundi dernier, veste ornée de trèfles irlandais, Anderson a simplement déclaré : “Ça a été une année folle pour moi.” Une année folle ? Quelle humilité. On parlera plutôt d’une décennie d’exception. À 41 ans, l’Irlandais est devenu l’homme le plus influent de la mode mondiale. Rien que ça.
Nicolas Puech, 82 ans, arrière-petit-fils du fondateur d'Hermès, réclame 14,3 milliards d'euros à LVMH et Bernard Arnault. L'héritier, résident suisse, accuse son ex-gestionnaire de fortune, Eric Freymond (décédé en juillet 2025), de l'avoir spolié de 6 millions d'actions Hermès, soit près de 5,76% du capital, au profit du groupe rival. LVMH a "fermement" nié avoir "détourné des actions de quelque façon que ce soit". L'affaire ravive la plus célèbre rivalité du luxe français, 15 ans après la tentative d'entrée de Bernard Arnault au capital du sellier. L'occasion de décrypter ce qui différencie vraiment ces deux géants.
Bernard Arnault a compris avant tout le monde que le luxe était une guerre de contrôle. Contrôle de la distribution (70% des ventes en boutiques propres), contrôle des fournisseurs (tanneries, vignobles, ateliers rachetés), contrôle de l'image (médias, événements, célébrités sous contrat). 75 Maisons. 6 secteurs. Plus de 6 300 boutiques dans le monde et 84,7 milliards d'euros de ventes en 2024. Mais une logique : mutualiser ce qui peut l'être (logistique, immobilier, data) et sanctuariser ce qui doit rester unique (création, savoir-faire). Quand LVMH rachète une marque, le groupe injecte non seulement du capital mais aussi des talents, et, surtout, un accès immédiat à son réseau mondial.
Hermès produit moins que la demande. Volontairement. Un artisan, formé pendant au moins 5 ans, met jusqu'à 40 heures pour fabriquer un seul sac Birkin à la main. La maison refuse d'accélérer. Le résultat ? Des listes d'attente de plusieurs années et une quasi-absence de décote sur le marché secondaire. Là où LVMH se diversifie par les acquisitions, Hermès étend son territoire à son propre rythme par capillarité, presque de façon "naturelle", sans coups d'éclat tonitruants. Le cuir finance la soie, la soie finance le parfum, le parfum finance la maison. La croissance est à la fois organique, autofinancée et sans dette significative.
Au 6 décembre 2025, la capitalisation boursière d'Hermès s'élève à environ 227 milliards d'euros ( Investing.com ), contre 312 milliards d'euros pour LVMH ( CompaniesMarketCap ). Hermès vaut donc près des trois quarts de LVMH avec cinq fois moins de revenus : 15,2 milliards d'euros contre 84,7 milliards ( FashionNetwork.com ). Le marché paye une prime colossale pour l'indépendance et la rareté.
Trois enseignements clés à en tirer :
La croissance n'impose pas la taille. Hermès prouve qu'on peut croître plus vite qu'un conglomérat en restant focalisé. Moins de marques certes, mais plus de profondeur.
Le luxe supporte deux logiques totalement opposées. L'une joue sur le volume maîtrisé et la puissance. L'autre mise sur la frustration organisée et l'exclusivité.
L'indépendance et l'intégration se valorisent différemment. Au début des années 2010, LVMH était entré par surprise au capital d'Hermès, poussant les membres de la famille à s'unir dans la holding H51 pour contrer les appétits de Bernard Arnault. Après quatre ans de bras de fer, LVMH se retirait. Depuis, l'action Hermès a bondi de +2 485%, contre +514% pour LVMH. Deux trajectoires, deux paris stratégiques — le marché valorise aujourd'hui la rareté, mais les cycles du luxe peuvent changer.
Trois enseignements clés à en tirer :
La croissance n'impose pas la taille. Hermès prouve qu'on peut croître plus vite qu'un conglomérat en restant focalisé. Moins de marques certes, mais plus de profondeur.
Le luxe supporte deux logiques totalement opposées. L'une joue sur le volume maîtrisé et la puissance. L'autre mise sur la frustration organisée et l'exclusivité.
L'indépendance et l'intégration se valorisent différemment. Au début des années 2010, LVMH était entré par surprise au capital d'Hermès, poussant les membres de la famille à s'unir dans la holding H51 pour contrer les appétits de Bernard Arnault. Après quatre ans de bras de fer, LVMH se retirait. (AFP) Depuis, l'action Hermès a bondi de +2 485%, contre +514% pour LVMH. (Bloomberg) Deux trajectoires, deux paris stratégiques — dans un contexte de ralentissement, le marché prime aujourd'hui la rareté sur le volume.
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